PROPOS LIMINAIRES DU COLLECTIF 384
Mesdames Messieurs, représentants du Ministère, des Universités, et des organisations élues, le gouvernement actuel, qui s’est déjà évaporé, les ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur et du budget, soutenus par certains syndicats que je ne remercierai certainement pas, ont publié au beau milieu de l’été, en catimini, tellement devaient-ils en être fiers, le décret modifiant le cadre d’emploi des Enseignants du Supérieur (qualifiés d’ESAS par le Ministère et certains syndicats).
Ce décret, nous ne le voulions pas, les collègues ne le voulaient pas, et vous le saviez car nous vous avions envoyé les différentes enquêtes que le Collectif 384 avait réalisé auprès d’eux à plusieurs reprises.
le décret qui rajoutera de l’injustice à l’injustice, de la souffrance à la souffrance, omet complètement de prendre en compte les causes du problème ainsi que la gravité de la situation.
Il a été élaboré sans le Collectif 384 alors que notre syndicat est représentatif de tous les collègues qui ont voté pour lui au CNESER et qu’il est le plus amème de comprendre ces problèmes car les personnels élus du Collectif 384 font partie des corps qui subissent la situation d’iniquité.
Notre syndicat nouveau, a été écarté de toutes les commissions existantes au sujet des ES probablement d’une part pour contenter certains qui ont peut-être du mal à laisser la parole aux nouveaux, d’autant plus quand il s’agit d’ES et de l’autre parce que nous rapportons la parole des collègues et cela va à l’encontre des décisions injustes que vous souhaitez prendre unilatéralement.
Le traitement réservé aux ES, comparativement aux grandes avancées accordées aux EC avec un RIPEC sans aucune contrepartie nouvelle demandée, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la manière injuste de gouverner le pays actuellement, sans aucune écoute du peuple.
Depuis combien de temps n’avons nous pas eu de référendum dans ce pays ?
Alors il ne faut pas s’étonner avec de telles pratiques de voir émerger des 10 septembre.
Lorsque l’on est injuste avec le peuple, plus particulièrement avec le peuple français et bien il ne se laisse pas faire et cette journée du 10 septembre est due à une gouvernance sourde et autoritaire.
Pour en revenir au décret, ceux qui ont voté oui à ce décret au CSA, syndicats puissants et influants ont une lourde responsabilité dans la situation présente alors que dans le même temps le MESR poursuit sur sa ligne injuste qui exclut toujours les ES du RIPEC sans aucune certitude que le montant de la vieille PES augmentera l’an prochain, compte tenu de la situation budgétaire.
Il n’y a pas de raison valable pour que les ES ne puissent pas accéder aux composantes du RIPEC et vous le savez tous.
D’autant plus, que vous avez désormais rajouté aux ES des tâches identiques à ce que vous demandez aux EC mais sans aucune garantie de prime et sans la même prime bien entendu.
Je rappelle que les ES sont aussi exclus des primes de l’Education nationale et par exemple de la prime d’attractivité est d’un montant très important et je rappelle également que nous avons été privé du vivier 1 de la classe exceptionnelle ce qui se fera ressentir lourdement sur le montant de nos retraites, revues du coup à la baisse.
Les ES, dans une situation de limbe, alors que le point d’indice est gelé, sont les seuls personnels de l’ESR à être traités de la sorte alors qu’ils sont fonctionnaires d’état pour la plupart et qu’ils ont passé des concours et des entretiens d’embauches compliqués à obtenir et qui demandent de grandes connaissances et compétences.
Alors je le redemande à nouveau en cette rentrée :
DONNEZ NOUS LA PRIME DU SUPERIEUR !
LA PRIME QUI NOUS EST DUE !
COMME AUX AUTRES !
A cause de ce décret, par contre une chose est certaine, les ES auront des tâches en plus à faire.
On donne des nouvelles primes aux uns sans contrepartie et on demande des contreparties nouvelles aux autres sans la prime. Voilà les choix injustes qui amenent à la colère.
Dans ce pays aujourd’hui, tout n’est que division, on divise alors qu’il faudrait réunir. Et vous croyez que ça nous amena à quel résultat ? Vous pensez que les collègues qui sont sur les postes vont continuer à s’investir ? Vous pensez que les collègues qui passent les concours vont continuer à venir dans le supérieur ?
Peut-être est-ce cela le souhait de certains, aveuglés par leur manière catégorielle de voir les choses et sans même penser aux conséquences à court terme, notamment pour remplacer les collègues qui partent en retraite. Ils ne réalisent même pas qu’ils jouent contre leur camp, contre notre belle maison ESR.
De plus, ce décret risque de changer notre métier en nous demandant de faire autre chose que de l’enseignement avec le rajout désormais de tâches de tutorat, d’orientation, de documentation, un décret qui tend vers des tâches administratives accrues pour les ES,…
C’est une situation intolérable, très injuste, très inéquitable et grandement contestable et nous ne manquerons pas de faire tout ce qui nous sera possible, nous avons d’ailleurs déjà pris contact avec un conseil pour nous défendre.
Notre métier, c’est enseignant et ce métier, le métier d’une vie, nous l’aimons et nous le défendons.
Nous ne voulons pas demain devenir des tuteurs au service d’autres collègues ou de l’IA, ni devenir des personnels administratifs, ce n’est pas le choix que nous avons fait et l’enseignement est aussi important que la recherche contrairement à la dérive constatée à ce sujet dans l’Enseignement supérieur.
J’ai pu lire le travail de recherche de 3 PU, intègres, que j’ai vivement remercié pour cette recherche et qui relate très précisément une situation pire que ce que je pensais.
Nous avons demandé la création au plus vite d’une commission spécialisée sur les ES, et nous redemenderons la parole avant le probable vote d’aujourd’hui à ce sujet.
MERCI de votre attention.
PROPOS AVANT LE VOTE POUR LA COMMISSION SPECIALISEE
Je souhaite tout d’abord revenir sur le courrier que nous vous avons adressé, Monsieur le Président, au sujet des décrets concernant les ES (dit ESAS) publiés cet été sans avoir été présentés au CNESER malgré ses prérogatives :
Selon l’article L. 232-1 du Code de l’éducation, le CNESER doit être consulté sur « les projets de décret concernant l’enseignement supérieur » ainsi que sur « les questions pédagogiques, scientifiques, culturelles et professionnelles intéressant l’enseignement supérieur ».
En élargissant les missions des personnels concernés, le décret va bien au-delà d’une simple question statutaire : il modifie en profondeur les conditions d’organisation de l’enseignement supérieur et pose la question de l’exercice d’une profession, celle des enseignants issus de premier et second degrés au sein de l’ESR puisqu’on leur demande désormais d’autres tâches à accomplir.
Alors avez-vous, Monsieur le Président, une réponse à nous apporter ?
Concernant notre demande de création d’une commission spécialisée au sujet des ES, je rappelle que le CNESER est tout à fait habilité, par ses attributions, à ouvrir une grande réflexion au sujet des ES.
L’ouverture de cette commission était une promesse qui avait été faite par l’ancien Ministre de l’ESR, Patrick HETZEL au Collectif 384. Ce serait une bouffée d’air. Nous nous proposons de conduire cette cette commission si vous nous en donnez la possibilité.
Alors pourquoi une demande de commission spécifique aux ES ?
Et bien par ce que la situation des ES est à part, elle est bien différente de la situation des autres personnels de l’ESR, elle est peut-être même unique pour des personnels titulaires.
Et la situation est grave, nous sommes dans des limbes, situation qui engendre la souffrance pour de nombreux collègues.
L’étude en cours dont j’ai parlé lors de notre propos liminaire, lorsqu’elle sera publiée, relatera notamment, tout cela en détail.
Nous souhaitons que la commission se penche entre autres sur :
- Réfléchir à la place des ES : Enseignants du Supérieur (dit ESAS) dans l’ESR et analyser leurs conditions de travail actuelles,
- Évaluer les conditions de leur intégration dans les équipes pédagogiques et les situations de souffrance au travail dues à leur statut incertain qualifié de limbe dans une étude actuelle à paraitre,
- Examiner les conséquences de la mise en oeuvre du nouveau décret contre leur volonté, notamment le risque de réduire ces enseignants à un rôle de simples tuteurs au service des enseignants-chercheurs ou, avec l’essor de l’intelligence artificielle, de tuteurs au service de celle-ci, ou de documentaliste, aboutissant à une perte progressive de leur statut d’enseignant,
- Comparer la situation des ES à celle des EC et analyser le risque de dérive vers des fonctions administratives suite à la mise en place du réferentiel d’activité appliqué localement, avec des différences de rétribution évidentes selon les écoles,
- Analyser la pertinence et les conséquences de l’attribution de nouvelles tâches (suivi individuel, orientation et tutorat des étudiants, jurys d’examen ou de concours…) sans compensation financière pour autant avec un risque de dérive de leur métier d’enseignant,
- Étudier leurs perspectives de carrière, avec le rétablissement du vivier 1 de la Classe exceptionnelle (ou un dispositif équivalent) pour reconnaître des compétences spécifiques adaptées au supérieur,
- Travailler sur leur rétribution, afin que leur régime indemnitaire ne soit plus en deçà de celui des enseignants chercheurs, en particulier par une intégration immédiate au RIPEC avec effet rétroactif, et l’assurance de garder une prime statutaire automatique sans aucun conditionnement (=C1),
- Proposer une politique d’attractivité pour faire face aux nombreux départs en retraite prévus dans les dix prochaines années,
- Ouvrir l’accès à la recherche à tous les ES qui le souhaitent sans condition, afin de mobiliser cette richesse humaine et académique encore sous-exploitée,
- Réfléchir à une meilleure articulation entre enseignement et recherche dans l’ESR, afin de corriger le déséquilibre actuel au détriment de l’enseignement,
- Comparer finement le traitement des enseignants-chercheurs (EC) et des enseignants du supérieur (ES),
- Réfléchir finalement à un nouveau statut d’ES et oublier définitivement celui d’ESAS source de mal être et de démotivation.
Je demande donc le soutien de vos organisations pour la création de cette commission spécialisée.
Philippe Lefebvre – Nicolas Domergue (Elus Collectif 384 – CNESER)